réseaux sociaux : tous ego ?

libre ou otage du regard des autres

À notre époque, nouer des relations se déroule le plus souvent à l’intérieur d’un cercle d’amis, ou dans une bulle informatique pour cultiver l’estime de soi. Il s’agit d’obtenir la reconnaissance sociale dans le regard des autres : pour devenir populaire, en espérant la réciprocité dans le don, en souhaitant bénéficier de privilèges à partir d’un carnet d’adresses. Ces pratiques ont leur utilité, mais il ne faut pas les idéaliser.

En effet, il n’y a jamais eu autant de réseaux pour relier la population du monde entier, et pourtant, le sentiment de solitude ou le repli identitaire n’ont jamais été aussi grands ! C’est le paradoxe de notre époque. Dans ces conditions, les réseaux sociaux n’apportent pas nécessairement de réponse à la crise du « vivre-ensemble ». Ils ne sont pas plus légitimes que l’État pour incarner la démocratie ou plus vertueux que le marché ! Mais ce sont des modes de collaboration incontournables pour faire circuler les idées, partager les richesses, développer l’innovation.

 

 

preface de l'amiral PIERRE lacoste

 

"Les premières années du 21e Siècle sont à la hauteur des incroyables performances antérieures du monde moderne. Un des grands mérites de l'ouvrage du professeur ASSENS est précisément de présenter un catalogue actualisé des pratiques du moment. L'importance de ces réseaux n'a cessé de s'affirmer en fonction des progrès spectaculaires de la "numérisation" qui a bouleversé les moyens, les anciennes méthodes, et les habitudes des acteurs traditionnels des rapports humains et professionnels dans les societés contemporaines. 

 

Néanmoins, en dépit de leur importance accrue, les réseaux sociaux ont leurs limites vis à vis des diverses institutions légitimes. Ils ne proposent pas forcément la transparence des procédures et des informations, dans un monde plus libéré ou plus altruiste. Ils constituent plus un mode de communication qu'un moyen d'information au service de l'éducation, de la formation et de la culture.  

 

Cet ouvrage répond donc au souci de prendre du recul au regard du "vivre ensemble". Car, plus précisement, il implique une autre question fondamentale : les réseaux sociaux peuvent-ils  aider à répondre à la crise de légitimité que traversent nos propres cadres institutionnels ? Ainsi qu'au besoin de reconnaissance des générations montantes face à l'égoïsme des conservateurs, de leurs avantages acquis, de leur refus de renoncer à des privileges imérités. Les réseaux sociaux préfigureraient-ils la réunion de nouveaux "Etats Généraux" pour conduire à une nouvelle  "nuit du 4 Août" ? 

 

Extrait de la préface par l'Amiral PIERRE LACOSTE

 

in memoriam 

https://www.defnat.com/pdf/articles/202003/3.%20dufourcq.pdf 


extrait de l'ouvrage

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recension de l'ouvrage

Compte rendu (dans Les Cahiers de psychologie politique, n° 27 (juillet, 2018), par jean marie seca professeur de sociologie

 

"Dans la continuité de son livre, écrit en 2013, Le Management des réseaux. Tisser du lien social pour le bien-être économique, Christophe Assens « récidive » sur la même thématique, par un ouvrage au titre plus provocateur et avec une ambition plus critique et sociologisante, questionnant plus globalement un fait de société autant que des phénomènes économiques. Est-ce que ce livre tient ses promesses ? La forme utilisée est celle de l’essai. De tels écrits, essayistes, flirtant avec un style littéraire et plus accessible, révèlent toute l’étendue de la pensée d’un auteur et de son interprétation des mouvements de changement culturel et sociétal contemporain.

 

Le livre de 208 pages est découpé en trois grande chapitres : 1/ Les réseaux numériques ; 2/ Les réseaux corporatistes ; 3/ Les réseaux économiques. Une préface de l’Amiral Lacoste, l’ancien chef de la DGSE de François Mitterrand, de 1982 à 1985, apporte des commentaires géostratégiques et futurologiques à l’entreprise éditoriale de l’auteur.

 

L’introduction de 15 pages (pp. 13 à 27) tente de resituer le lexique et les notions utilisées (différence entre « réseau » et « institution » ; types de réseaux ; approche socio-historique des première formes réticulaires et sociétales ; lien avec la notion de citoyenneté et de mondialisation). L’auteur insiste sur un thème récurrent dans tout le livre : tout individu contemporain, qui dispose d’un réseau plus étendu que par le passé, possède, par ce biais, une véritable richesse en termes de capitaux relationnels, essentiels à son évolution professionnelle et personnelle. Cependant, Assens met très clairement en garde contre les risques de dérives vers de nouvelles formes de communautarisme, dans la multiplication de réseaux sociaux cultivant l’entre-soi. « Nous cherchons notamment à savoir si les réseaux offrent une dimension plus humaniste face à la complexité du monde ou s’ils tendent à reproduire une nouvelle forme d’égocentrisme sur le plan collectif, dans des microsociétés qui rivalisent entre elles » (p. 25.) Notons une définition très générale de la notion de réseau repérable, selon lui, dans presque toutes les activités en société : dans les « ramifications numériques [...], la convivialité d’un club, d’une cercle intime, d’une corporation » (p. 13), ou bien « dans cercles de discussion, des think-thank, des réseaux sociaux sur internet, dans le régionalisme, dans les diasporas, dans les communautés de pensée, dans des clubs philanthropiques, dans les associations, dans les mutuelles, dans les coopératives, dans les clusters, dans les communautés d’agglomération, dans toutes les formes d’union qui échappent au cadre habituel de la pensée formelle et verticale » (p. 13 et 14).

 

Le chapitre 1, « Les réseaux numériques », aborde le paradoxe de la désocialisation et de la déterritorialisation des sociétés contemporaines par l’implosion dans les réseaux numériques (internet utilisant plusieurs supports et écrans, comme on le sait, de nos jours). Cet aspect avait déjà été abordé, il y a longtemps par Paul Virilio, dans le livre Le Cybermonde ou la politique du pire, édité à Paris, chez Textuel, en 2001. Assens cite adroitement des travaux (dont ceux de Stanley Milgram) sur les réseaux pour indiquer la forte connexité entre individus : une moyenne technique et statistique de 4,74 personnes intermédiaires, existerait entre deux individus, tirés au sort, dans une recherche de 2011, au sein du réseau Facebook. Ainsi nous vivrions, du fait de la généralisation des réseaux techno-numériques, dans un « petit monde » (p. 30-31), ayant néanmoins une faible valence sociale et émotionnelle. On se retrouve dans des dispositifs faiblement ancrés dans des dynamiques consistantes, contrairement à des clubs fermés mais efficients, comme le Rotary Club. Cependant, les liens faibles (épisodiques et non communautaires) génèreraient des interactions en réseau les plus riches en information diversifiée. Par la suite, l’auteur se livre à une analyse détaillée des contresens et significations socio-économiques, associés aux réseaux comme Facebook ou LinkedIn, fondés sur l’augmentation constante des contacts, sans discrimination ni affinités préalables. « La “plateforme numérique de communication” n’est [...] pas capable de fédérer autour du lien social, la mosaïque des tribus, des clans et des catégories de personnes qui gravitent par centaine de millions sur Internet » (p.39.) Ces plateformes sont globalement perçues comme un « encouragement à l’individualisme » (ibid.). Une petite erreur page 43 est cependant à noter où l’auteur énonce que les sources de Wikipédia ne sont pas toujours fiables. Tout au contraire, de récentes recherches (2017) de bibliométrie indiquent une plus forte fiabilité de Wikipédia par rapport à la très autorisée Encyclopedia Britannica. Par contre, la dépendance des jeunes générations aux médias sociaux d’internet et par téléphone mobile est correctement analysée, en confirmant des travaux divers sur la généralisation du crédit accordé au complotisme chez les 15-25 ans depuis quelques années. Assens, en bon observateur, décrit très bien les effets nocifs de la multiconnexion à des sources multiples de savoirs chez les internautes : « Ce n’est plus l’élève qui fait la démarche de remonter à la source du savoir, comme le saumon dans le lit de la rivière. C’est le savoir qui doit capter l’attention de l’élève, déjà sollicité par des centaines de micro-activités de divertissement et de communication » (p. 45.) Tous ces éléments et quelques autres tracent donc les grandes lignes d’une tendance à la recentration narcissique et à l’isolement au sein de réseaux déshumanisants, mécanisés et matriciellement programmateurs de conduites stéréotypées.

 

Le chapitre 2, « Les réseaux corporatistes » porte sur la question des relations entre les biens, ou objet plus ou moins rares, et les sociétés. L’auteur distingue quatre types de biens (pp. 58-61) : les biens privés (régulés par le marché), les biens communs (contrôlés sur des réseaux n’excluant aucun humain), les biens de club (gérés de façon discrétionnaire dans des réseaux fermés) et les biens publics (managés par des pouvoirs administratifs locaux ou nationaux). « La solidarité dans un réseau s’exerce exclusivement au bénéfice de ses membres, sans éliminer totalement les rivalités individuelles et les conflits avec les autres réseaux. De ce point de vue, sur le plan économique, le réseau complète le marché lorsqu’il s’agit de développer des biens dans les titres de propriété sont collectifs, et qui prennent de la valeur dans la coopération plus que dans la compétition » (p. 60), insiste l’auteur. Traduction : il est préférable de favoriser l’articulation des modes de gestion et de régulation (réseau, État, marché, club) aux différents types de biens circulant les sociétés. Dans la suite de ce chapitre, sont alors examinés les pratiques corporatistes sous la bannière des réseaux, comme, par exemple, les significations morales et politiques des conduites de démocratie électronique ou l’intrication entre capitalisme et développement des débats sur des forums gratuits sur internet.

 

L’auteur interroge notamment le paradoxe de l’ « instantanéisme » en démocratie, associés aux débats sur les réseaux, d’une part, et à la distance critique et raisonnée des élus réunis de façon réflexive dans des assemblées représentatives institutionnalisées, de l’autre. Il y aurait bien alors une différence radicale de fonction entre institution et réseau bien que des liens existent entre ces deux formes. Assens fait donc une remarque de type sociologique. Pour exemplifier son raisonnement, l’auteur aborde aussi longuement le développement en réseau de l’Université Paris-Saclay dont il critique les dérives et les corporatismes sous-jacents. Cependant, il est admis que les logiques de réseaux permettent aussi de contrebalancer les dérives bureaucratiques en devenant une sorte de contre-culture face aux niveaux de décision et aux hiérarchies, en fluidifiant l’accomplissement de tâches administratives publiques. L’auteur est parfois ambigu car il accorde un avantage qualitatif (p. 96) aux réseaux de gestion des services de santé hospitalier (coordination interservices, notamment). Or tout le monde sait que la coordination au sein d’un réseau demande du temps et donc de l’argent. Par conséquent, la « solution de mutualisation par les réseaux » finit par ressortir du domaine quantitatif et financier, selon nous. Donc rien ne sert de dire qu’il faut plus de coordination en réseau pour mutualiser si l’on ne met pas les ressources pour favoriser les dispositifs techniques et humains qui y sont associés et les soutiennent. Ainsi, on retombe toujours sur des critères budgétaires et donc quantitatif, même quand on pense à la « solution » réticulaire. Par ailleurs, la « solution réticulaire » fait appel à une sorte de motivation altruiste et bienfaisante (take care of) qui est loin d’être spontanée dans le cadre des interactions à distance. Bien au contraire. Enfin, la théorie de l’implication du management de réseau présuppose une relative et faible prégnance du pouvoir ou un aplatissement de la pyramide hiérarchique. Il demeure assez illusoire de penser que ces modes de fonctionnement puissent avoir une pérennité. Les critiques de Richard Sennett le montrent, dans son livre de 1999, Le Travail sans qualité : les conséquences humaines de la flexibilité : le contrôle la structure de réseau et des relais permet d’avoir prise sur un dispositif interactif (concentration du pouvoir dans un cadre d’apparente décentralisation). L’ « acteur-réseau » n’est fonctionnel que dans des dynamiques de projet. Il ne présuppose pas de management mais uniquement l’activation altruiste des conditions de travail collectif (si possible sans « passager clandestin ». Pas plus, pas moins ! Or, Sennett souligne que dans tout travail en groupe, les passagers clandestins pullulent.

 

Le chapitre 3, « Les réseaux économiques », termine ce triptyque de façon heureuse dans un domaine (science de gestion) que l’auteur maîtrise encore mieux. Le réseau, comme notion, ressort du modèle des alliances stratégiques d’entreprise, reflétant les nécessités de coopérer et de mutualiser certaines ressources dans un cadre concurrentiel avec, pour but, un résultat gagnant-gagnant pour chaque partie en relation : ce qui est appelé « coopétition » par l’auteur. Divers exemples sont analysés comme les networks de petites entreprise, les réseaux de consommateurs, les tontines, les sociétés secrètes, comme dans la franc-maçonnerie ou les mafias, voire les diasporas ; sont aussi cités et décrits le succès du consortium Airbus, du point de vue du management des réseaux technico-économiques, l’économie sociale et solidaire, les coopératives agricoles et les réseaux mutualistes (comme la MACIF). L’une des parties les plus stimulantes intellectuellement est consacrée à la démocratie d’entreprise et plus particulièrement à l’ « entreprise libérée » (p. 147-155), laissant presque supposer que l’auteur appartient aux mouvements de renouveau néocommuniste et autogestionnaires des années 2000. Ce qui est, on le sait, est loin d’être son orientation intellectuelle. L’étude de cas, venant en appui à cette thèse de l’entreprise libérée, est celle la société Hervé Thermique, créée dans les années 1970 et développant concrètement cet usage libertaire et régulée de la démocratie, combinée aux relais en réseau et à des centres de profits autogérés. Le chapitre se conclut sur la thématique bien documenté de l’économie collaborative et de partage dont Blablacar, Airbnb ou Amazon sont de bons exemples.

 

Le titre, Réseaux sociaux. Tous ego ?, réactive une critique connue, en philosophie contemporaine (Bernard Stiegler, Dany- Robert Dufour, notamment, mais aussi Christopher Lasch et d’autres), de l’ « égotisation » des relations interpersonnelles et sociales. En fait, de nos jours et depuis la généralisation de l’éthique ultralibérale associée aux réseaux sociaux, vous ne communiquez pas vraiment. Vous sombrez dans un simulacre en ayant l’impression qu’on va vous répondre en reconnaissant votre authenticité. Quand on sait à quel point la valeur d’authenticité est typiquement associée au libéralisme, on comprend que les réseaux ne sont qu’un prolongement différent des structures du marché. Au final, dans l’idéologie égotiste contemporaine, vous développez plutôt un syndrome de narcissisme avancé. Votre décrépitude égotiste vous incite à ne penser à l’autre que par le canal d’un « altruisme égoïste » qu’avait très bien défini il y a quelques années, feu Serge Moscovoci dans un livre consacré à la psychologie des relations à autrui : Moscovici Serge (éd.), Psychologie des relations à autrui, Paris, Nathan, 2000. Au final, les « gens » ne communiqueraient plus mais s’exprimeraient, de façon conformiste, en émergeant dans des « tribus égo-grégaires » (Dufour), en tentant de rester des « êtres non-inhumains » (Stiegler), tiraillés entre des pulsions d’ « individuation » (ressembler à la norme de groupe en y étant le plus conforme et exemplaire) et des tendances plus raisonnées à l’ « individualisation » (construction de soi par un cheminement critique rationnel, éloigné des modes et des prêt-à-penser). Cette tendance conformiste (égocentrée) avait été étudiée il y a longtemps par Jean-Paul Codol, en psychologie sociale mais aussi en psychologie de l’enfant (Jean Piaget). Il l’avait nommé « effet PIP (Primus Inter Pares) » ou « conformité supérieure de soi ».

 

Cette critique de la raison égotiste est, de nos jours, réalisée au nom d’une posture néokantienne, en privilégiant l’Erklärung, très fortement défendue par le maitre de Königsberg et ses héritiers contemporains (dont les philosophes précédemment cités), modalité rationaliste opposée à la pensé adhésive des « communautés ». Assens adopte une posture intermédiaire, dans son ouvrage, en constatant à la fois les apports des logiques et conduites en réseaux contemporaines, tout en déplorant aussi, comme les critiques néokantiens, l’émergence de tropismes communautaristes dans divers secteurs tant politiques, culturels, relationnels qu’économiques. Rappelons, pour finir, que l’auteur, professeur de management des réseaux à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en- Yvelines, est un expert de ce domaine et il le démontre excellemment par cette contribution, malgré quelques coquilles et inexactitudes (volonté de ne pas référencer toutes les sources des recherches citées) ici et là.

 

En guise de conclusion, il faut souligner à quel point l’étude des réseaux est en vogue de nos jours sur le plan des sciences humaines. Certains historiens, comme Marie-Françoise Baslez, Professeur d’histoire des religions à l’Université Paris-Sorbonne, indiquent d’ailleurs qu’ils ont joué un rôle essentiel dans l’évolution des espaces géostratégiques et des croyances depuis plus de deux-mille ans. Baslez évoque, dans Comment notre monde est devenu chrétien, publié à Paris, chez CLD en 2008, que « Paul fut en effet lui-même un homme de réseaux [...]. Ce sont, plus particulièrement les réseaux du patronage officiel romain qui l’ont intégré véritablement dans l’Empire, qui l’ont poussé à aller toujours plus en avant jusqu’à Rome, le centre du monde, en lui donnant l’intuition d’un ordre mondial introduit par l’Empire et celle d’une communauté religieuse destinée à s’étendre aux dimensions de la terre habitée (p. 50-52). Nul doute qu’avec les révolutions technologiques à venir d’autres profonds changements, qu’on peut espérer toniques et fertiles, puissent être envisager mondialement comme localement dans les diverses sociétés contemporaines."

 

https://hal.univ-lorraine.fr/hal-02968240/document


recension de l'ouvrage

 

 

 

Anamaria Ionita et Monica Vlad, « Christophe ASSENS (2016), Réseaux sociaux, tous ego ? », Communication [En ligne], vol. 35/1 | 2018, mis en ligne le 26 février 2018.   

http://journals.openedition.org/communication/7424

 

 

 

1L’ouvrage de Christophe Assens propose une réflexion sur un sujet actuel très complexe et multiparamétrique : les réseaux sociaux et leur présence auprès des institutions de l’État, du marché, de l’école. Précédé d’une préface de l’amiral Pierre Lacoste, le livre est divisé en trois grands chapitres : « Les réseaux numériques », « Les réseaux corporatistes » et « Les réseaux économiques »

2Dans l’introduction, l’auteur fait une brève histoire de l’apparition du réseau social et le définit comme « un moyen de réunir les personnes qui partagent la même vision du monde » (p. 20). La dépendance accrue aux réseaux sociaux est motivée par l’évolution géopolitique et technologique des dernières années. Afin de mieux comprendre le mode de fonctionnement des réseaux sociaux, l’auteur propose des exemples tirés de tous les domaines. Il annonce une « transformation profonde » (p. 14) de la société contemporaine où les réseaux sociaux, qui font partie de notre vie quotidienne, tendent à remplacer partiellement les institutions traditionnelles dans divers domaines de la vie : politique, social et économique. La question qui se pose, et qui va guider l’argumentation dans son ensemble, est de savoir si les réseaux permettent réellement de retrouver « la dimension bienveillante du vivre ensemble garantie par les institutions, ou si le maillage librement consenti des individus encourage l’égocentrisme collectif » (p. 15). Loin de représenter une boutade, ce point de départ permet à l’auteur de convoquer des champs d’expertise différents, des exemples complémentaires, afin de fournir son point de vue (nécessairement nuancé) sur cette problématique. 

3Le chapitre 1, divisé en cinq parties, est consacré aux réseaux numériques. L’auteur expose les avantages et les limites des médias sociaux (Facebook, LinkedIn, Twitter, Viadeo) au moyen de différentes comparaisons entre ceux-ci. La plateforme de mise en relation Facebook est un « phénomène de mode planétaire, pour lequel communiquer c’est exister » (p. 35) par rapport à la plateforme professionnelle LinkedIn qui est une « vitrine de communication […] pour mettre en évidence le CV en ligne » et qui « ressemble plus à une plateforme technique de communication qu’à un réseau au sens social du terme » (p. 37-38). Utilisées pour la communication à distance, ces plateformes communautaires ne cachent pas moins des paradoxes. Même si les réseaux sociaux semblent transformer le monde actuel dans un monde du partage et de la communication, la société contemporaine est caractérisée par l’individualisme, par les pratiques narcissiques (selfies ou snapchats), par une tendance à l’égocentrisme, par le « besoin accru de reconnaissance sociale » (p. 51), mais également par l’angoisse de la solitude et de la perte ou de la descente sociale, car les réseaux sociaux qui réduisent la distance dans la communication « créent de nouvelles distances sociales » (ibid.). 

4Dans le chapitre 2, l’auteur aborde la nécessité de travailler en réseau, les réseaux sociaux en politique, le poids du réseau des écoles, le rôle du réseau public dans l’intérêt général ainsi que différentes notions telles que le bien public, la démocratie électronique, la bureaucratie, le népotisme, le corporatisme et la mondialisation ou le fédéralisme. Assens souligne la force des réseaux sociaux en politique lorsqu’il s’agit par exemple de campagnes d’élections présidentielles dans lesquelles les plateformes communautaires comme Facebook ou Twitter jouent un rôle important, car celles-ci déclenchent une réaction en chaîne dans l’opinion publique et « représentent un baromètre en temps réel de l’opinion publique » (p. 67). L’auteur considère que la démocratie directe sur Internet détermine, en politique, une « défiance envers les institutions républicaines » et une réorientation des citoyens vers les réseaux sociaux qui « semblent en apparence moins corrompus et plus ouverts au débat démocratique en raison de la transparence et de la collégialité » (p. 71). Cela dit, aussi bien en politique que dans le domaine de l’éducation, les réseaux sociaux favorisent la disparition progressive des voix intermédiaires garantes de la déontologie, de l’expertise ou du savoir, au profit de voix qui masquent leur ignorance dans l’anonymat des pseudonymes. Ce qui mène non plus à un ajout de transparence, mais à la diffusion de points de vue non représentatifs, avec le risque d’imposer « la vision improductive des mal informés dans l’inconscient collectif » (p. 70). 

5Le chapitre 3 s’intéresse au rôle des réseaux (formels ou informels) dans le secteur économique et propose des exemples concrets et contrastés. Après avoir exposé les avantages de l’organisation en réseau, Assens note la nécessité pour le secteur public de collaborer avec le secteur privé en vue de répondre aux intérêts généraux. De la même façon, il souligne la nécessité pour une entreprise de travailler en réseau pour survivre. Grâce à la mise en réseau, il est possible de mettre en contact direct le consommateur et le producteur, en éliminant tous les intermédiaires non nécessaires, ce qui augmente le pouvoir de négociation et détermine une baisse des prix. 

6Selon l’auteur, les conditions nécessaires pour former un réseau sont le partage (de ressources et de compétences) entre les individus et la confiance qui doit être instaurée à l’intérieur d’une entreprise. L’auteur considère que « l’économie tend à se développer sur le partage plutôt que sur la propriété exclusive » (p. 163). Le terme employé par Assens pour désigner l’économie fondée sur la collaboration entre les producteurs et les consommateurs de services est « économie collaborative » (exemples : le covoiturage, la colocation, l’échange de maisons). Devant la multiplication des réseaux sociaux, l’auteur avance, de manière encore une fois paradoxale, l’hypothèse d’une société de consommation devenue moins « matérialiste » et plus tournée vers l’accumulation de services qui permet à tout un chacun d’afficher non plus un patrimoine matériel, mais un patrimoine relationnel. Ce qui ne change en rien la volonté de satisfaire l’estime de soi et d’aller vers un monde plus « egolitaire » qu’égalitaire…

7Dans la conclusion, l’auteur fait le point sur les avantages et les limites des réseaux : du point de vue social, les réseaux « rapprochent les individus pour renforcer la dimension collaborative », tandis que du point de vue technologique, les réseaux « transforment les rapports humains, en maintenant les individus à l’écart les uns des autres avec le risque de recréer de nouvelles barrières sociales » (p. 195). Cela dit, il qualifie les réseaux sociaux d’« incontournables ». 

8Rédigé de manière volontairement provocatrice, parsemé de nombreuses phrases exclamatives qui traduisent les partis pris et les différents paradoxes avancés par l’auteur, le livre présente une réflexion nécessaire sur le monde contemporain dans lequel la clé de la fraternité, que détiendraient les réseaux sociaux, est plutôt un « leurre technologique » qu’une transformation profonde des manières de penser.


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Recension de l'ouvrage : "réseaux sociaux tous égo"
Anamaria Ionita et Monica Vlad, « Christophe ASSENS (2016), Réseaux sociaux, tous ego ? », Communication [En ligne], vol. 35/1 | 2018, mis en ligne le 26 février 2018.
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SEANCE DE DEDICACE

académie des sciences morales des lettres et des arts de versailles



revue de presse sur l'ouvrage


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Podcast Interview Radio Marmite FM
Débat autour du livre Assens C. (2016) "réseaux sociaux : tous ego / libre ou otage du regard des autres" éditions de Boeck.
Marmite fait son actu - 22 Janvier 2020
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Instagram, «stories», «likes» : Internet est le nouveau miroir des vanités

Instagram, «stories», «likes» : Internet est le nouveau miroir des vanités

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Dans Réseaux sociaux, tous ego ? Christophe Assens développe une analyse des réseaux sociaux au prisme des besoins humains. Il pense que notre usage quotidien de ces plateformes engendre des bouleversements anthropologiques insoupçonnés.

 


Chrisophe Assens est docteur en science de gestion et professeur à l'Université de Versailles. Il a publié Réseaux sociaux, tous ego? Libre ou otage du regard des autres (De Boeck, 2016).


FIGAROVOX.- L'usage des réseaux sociaux est devenu une norme sociale aussi profondément établie que presque personne ne semble en mesure de la remettre en cause. D'où vient cet attrait pour les réseaux sociaux et les «likes»?

Christophe ASSENS.- Internet est le nouveau miroir des vanités. Par les réseaux sociaux joue ce vecteur de reflet dans le regard des autres d'une image idéalisée de soi: il s'agit de diffuser une image extrêmement favorable de soi et d'avoir un retour dessus. De tout temps il y eut un besoin d'exister pour les individus, c'est ce même besoin d'exister qui permet de comprendre les comportements humains. Mais avant l'arrivée d'internet et des réseaux sociaux, ce besoin trouvait à s'incarner dans des cadres institutionnels formels et rigides avec le principe d'ascension sociale. On progressait dans les institutions en changeant de statut, et on valorisait de cette manière son regard social et l'image que les autres se faisaient de nous. Ce qui change avec internet tient à la dématérialisation et à la désintermédiation: nous n'avons plus besoin des institutions pour répondre à notre besoin d'exister. Tout le monde peut valoriser son identité à travers ce qu'il est usage d'appeler «personnal branding» (marketing personnel): chacun revendique le droit à valoriser son identité comme une marque personnelle. Il s'agit aussi d'«empowerment»: être partie prenante et acteur avant une institution qui décide à la place des autres.

Ces deux aspects définissent aujourd'hui les nouvelles normes sociales: valoriser l'ego d'un côté, la capacité d'agir et de participer aux décisions de l'autre. Le problème tient au fait que lorsqu'on veut valoriser l'identité et l'«empowerment», on se tourne vers internet et le virtuel qui pourtant relèvent de la communication et des réseaux: la quête de soi devient artificielle. Le capital social engrangé par des followers n'est pas constitué des amis proches. Paradoxalement, plus on a de followers, plus on peut se sentir isolé ; on confond la communication et la socialisation. Or la technologie n'a pas fait évoluer la socialisation: si on veut être socialisé, il faut recourir à des relations réelles et cultiver l'affectif, ce qui ne peut se faire à distance et par les smartphones. L'affection des autres se construit et n'est pas virtuelle ou artificielle, c'est là où le bât blesse. Tout le monde se réfugie sur internet pour trouver des réponses à son besoin d'exister, alors que ce besoin d'exister ne peut trouver de réponses qu'en dehors de la société virtuelle.

Nous perdons le sentiment d'appartenance à un collectif tout en cultivant la quête de soi dans un miroir aux vanités : les réseaux sociaux.

Il semble donc que les réseaux sociaux constituent un palliatif incapable de remplacer les relations sociales réelles: ne cherche-t-on pas à aussi à lutter contre la solitude inhérente à nos sociétés individualistes?

C'est exact, et c'est même très humain! Moins les gens ont de relations humaines et moins ils sont valorisés par leur travail, plus ils se sentent seuls ou délaissés et vont aller chercher des réponses à leur quête de soi sur internet. J'explique cela par la pyramide de Maslow, sociologue qui, après-guerre, définissait la hiérarchisation des besoins chez l'individu. Celle-ci répondait selon lui à des besoins primaires (se nourrir, se loger…) et à des besoins secondaires liés à la socialisation: on consomme des produits et services pour être identifiés à un groupe social. Ensuite viennent les besoins tertiaires: ceux qui relèvent de la quête de soi et de la psychologie. Je pense qu'avec l'arrivée d'internet et des réseaux sociaux, on assiste à une inversion de la pyramide de Maslow: désormais ce sont les besoins tertiaires et psychologiques qui prônent sur la socialisation. C'est pourquoi, aujourd'hui, le besoin de l'usage l'emporte sur celui de la propriété. Ce qui est particulièrement éclairant quant à ce qui est à l'œuvre dans le registre économique: les entreprises sont confrontées à de nouveaux comportements consuméristes où les individus veulent être reconnus comme des consommateurs spécifiques dont il faut envisager le moi. 

On a sur internet une superposition d'ego qui ne conduit pas à un cadre collectif tel qu'on peut l'imaginer dans la société, avec des institutions classiques comme la famille, la religion, l'État ou l'entreprise. Lesquelles permettaient d'avoir davantage de considération et de conscience collective. Nous perdons le sentiment d'appartenance à un collectif tout en cultivant la quête de soi dans un miroir aux vanités: les réseaux sociaux. 

D'où la volonté de faire des réseaux sociaux sa propre vitrine de soi, notamment via des plateformes comme Instagram, relevant davantage de la photo et de l'image que les autres, ce qui semble en faire le réseau social par excellence…

Absolument, y compris le phénomène des «story», qui concurrence ce qui se fait sur Snapchat. Je crois qu'on a là affaire à un lieu où la mise en scène de l'ego est à l'œuvre. Un adage classique dit que «si c'est gratuit, c'est que c'est moi le produit»: ces «story» sont en effet très importantes pour les plateformes et leur business model. Pour les individus, elles agissent de la même façon qu'une promotion en tête de rayon d'un supermarché: on crée son propre produit d'appel pour donner envie aux utilisateurs d'aller voir les autres facettes de notre rayon. En d'autres termes: pour donner envie d'aller découvrir sur notre compte Instagram d'autres facettes de notre personnalité. On essaye alors de renouveler l'attrait de son profil avec une vitrine, une humeur du moment, en mettant en haut de la page d'accueil des autres utilisateurs quelque chose de très éphémère, avec une forme de surenchère de la désirabilité sociale. Ce qui permet aux autres de nous désirer et de s'identifier à nous. Et parfois même en se démarquant par l'humour. 

Quand on bascule la logique de l'image, il y a un grand risque de dépersonnalisation : la forme l'emportant progressivement sur le fond, les identités auront tendance à être lissées et uniformisées.

Comme vous le dites, dans ces codes de communication où l'on cherche à mettre en scène l'ego, c'est la culture de l'image qui l'emporte sur la culture de l'écrit. Quand on bascule dans cette logique, il y a un grand risque de dépersonnalisation: la forme l'emportant progressivement sur le fond, les identités auront tendance à être lissées, aseptisées, uniformisées. Ce qui laisse encourir un grand risque de perte de sens… La richesse d'une personne tient à ses défauts, à sa complexité, à ses imperfections, même à ses contradictions: c'est ce qui rend la personne belle et unique. Toutes ces facettes ne peuvent être abordées par l'image. Ainsi la limite de cette surenchère à l'image réside dans la perte de sens quant à la véritable personnalité de la personne qui publie sur Instagram.

Est-ce une question de générations? 

Les plateformes ont su exploiter les différentes caractéristiques des générations: les premières étaient portées sur l'écrit et les messages, puis on est passé à l'image, la photo, et maintenant à l'image animée et aux vidéos. Une certaine accélération de la forme de communication correspond aux transformations des mœurs et habitudes de génération en génération. Plus celles-ci rajeunissent, plus elles vont vers un format de publication éphémère et animé. Et c'est une question de survie pour les plateformes de s'y parfaire, pour parfaire aux désirs de leurs actionnaires.

Mais pour les utilisateurs, plus la forme s'accélère et prend le pas sur le fond, plus on a tendance à faire grandir la frustration continuellement en entrant dans des codes de communication formatés où il est en réalité impossible de parler de soi réellement et avec authenticité, où on est inhibés par des codes qui ne permettent pas de répondre au véritable besoin d'exister inhérent à notre condition.

Sans doute que demain les plateformes feront de la surenchère en s'éloignant davantage de l'écrit, avec une communication rapide et éphémère, toujours avec l'idée que les individus ont besoin de cultiver l'estime de soi. Mais plus l'information est courte, plus elle est superficielle. Donc la personnalité de chacun a tendance à se noyer dans la masse des publications postées sur les réseaux sociaux. Cette surenchère est très utile pour les entreprises qui mettent en scène leurs produits sur les réseaux sociaux comme Instagram pour cibler notamment les Millennials et entrer dans la poche du consommateur. 

Avec les réseaux sociaux le libéralisme devient la norme. Chacun revendique le droit à être son propre entrepreneur, ce qui est nouveau dans une notre société de tradition centraliste et étatique.

Avant nous consommions de manière verticale, en B2C (Business to consumer) avec agences de publicités et intermédiaires, aujourd'hui nous assistons à une horizontalisation du marketing par les consommateurs, en C2C (Consumer to consumer): les entreprises l'ont bien compris. Quitte à ce que cela s'opère au détriment des rapports humains réels et de la socialisation.

D'où, aussi, un bouleversement à long terme des rapports sociaux voire anthropologiques à cause de la conduite stéréotypée que les réseaux sociaux induise… 

Certes, mais il convient aussi de retenir des points positifs à ce conformisme des rapports sociaux. Cela peut amener les individus des jeunes générations à l'idée qu'il faut se prendre en main selon le versant positif d'une logique entrepreneuriale relative à l'esprit de l'époque. Laquelle est d'une certaine manière liée au phénomène d'internet. On peut s'attendre à ce titre à moins de dépendance des institutions et des phénomènes de rentes de la part de certains individus désirant y adhérer sans efforts. D'autre part, lorsqu'on est seul, on a plus tendance à collaborer, ce qui, de manière horizontale, peut amener à plus de partage de connaissance pour porter des projets.

Le revers de la médaille tient au risque d'avoir une société fragmentée avec des formes de communautarisme dans lesquelles il sera plus difficile d'identifier l'ascenseur social, son efficacité, son relais, et ses codes. Le capital social va être amené à avoir plus d'importance que le capital financier ou le patrimoine, de nouvelles fractures sociales vont apparaître avec ce fonctionnement dans lequel le réseau va devenir omnipotent: les réseaux influents et ayant accès à l'information domineront les autres. 

On a l'impression que la logique de la mise en réseaux et l'étalage de soi sur les réseaux sociaux sont caractéristiques de l'éthique libérale appliquée aux individus, par le bas. Est-ce à dire que chacun devient acteur de son propre libéralisme? 

Nous avons en effet affaire à une forme de libéralisme incarné aujourd'hui. À travers les réseaux sociaux, le libéralisme devient la norme. Chacun revendique le droit à être son propre entrepreneur, à mener son propre projet, ce qui est nouveau dans une société comme la France, de tradition centraliste et étatique. 

La voiture incarnait la liberté au XXe siècle. Au XXIe siècle c'est le téléphone portable.

Ces métamorphoses sont, selon moi, sources d'inquiétudes: un nouveau dogme de la transparence est en train d'être érigé par l'accession de tous sur une même plateforme où chacun surveille tout le monde. Or la transparence crée une prison de verre dans laquelle on enferme la pensée, la conscience, les idées. Ce qui donne lieu à une forme de mimétisme de bon aloi, et on retrouve une forme de politiquement correct qui empêche les acteurs de cultiver des relations de proximité saines. 

 

La voiture incarnait la liberté au XXe siècle. Au XXIe siècle c'est le téléphone portable. Avant la liberté consistait à pouvoir se transporter physiquement d'un point à un autre sur la planète. Aujourd'hui c'est de pouvoir transporter son image et ses idées d'un endroit à un autre du globe. Dans une forme de désintermédiation, un vent de liberté souffle sur la société, à moins que celle-ci emporte les autres principes inscrits au fronton de la République, et avec elle la société dans son ensemble.

Etienne Campion, Eugénie Bastié 




Article de presse le 9 décembre 2016 dans la revue Contrepoints par Farid Gueham : "Penser et affiner le cadre et l’usage des réseaux sociaux est non seulement une nécessité mais une urgence, comme le rappelle Christophe Assens dans son nouvel essai."Dans des sociétés prônant toujours plus d’individualisme, rejoindre un réseau renforce un sentiment d’appartenance, l’idée de participer à la construction d’une entité, d’une société nouvelle. Et dans une certaine mesure, les réseaux sociaux redonnent également du sens aux notions de partage et de solidarité. Au-delà de l’utopie, la solidarité des réseaux a des visées plus intéressées..."

Christophe Assens est spécialiste de la stratégie d’entreprise. Les réseaux sociaux, tant physiques qu’en ligne, représentent un véritable phénomène qui traverse la société. Il a publié très récemment «Réseaux sociaux : tous ego ? Libre ou otage du regard des autres?» Zoom en 3 questions : interview la lettre de la recherche 

entreprises & carrières du 13-19 dec 2016



Article le 8 décembre 2016 dans la revue Trop Libre du ThinkTank Fondapol : "Faire partie d’un réseau, c’est gagner de la visibilité, construire une forme de reconnaissance sociale : établir ou renforcer une réputation, devenir populaire, élargir ses relations. Paradoxalement, le réseau social présenté comme un nouveau vecteur de liberté et facilitateur d’échange, uniformise les profils et les usages des consommateurs, pour finalement, aboutir à une perte de liberté. Car les réseaux sociaux ne sont pas le miracle social que nous attendions tous, comme le rappelle Christophe Assens « avec l’essor des objets connectés, chaque individu tend à se conduire comme un “insecte social” au sein d’une colonie, où la technologie guide les choix de vie par automatisme. Dans ces conditions, les réseaux n’apportent pas nécessairement de réponse à la crise des institutions sur la question du vivre-ensemble. Ils ne sont pas plus démocratiques que l’Etat, ou plus vertueux que le marché !"


Tribune le 27 janvier 2016 dans le Cercle Les Echos en collaboration avec Francis Hintermann Global Managing Director - Accenture Research : "La pyramide hiérarchique perd-elle la tête ?" Les nouveaux codes du management collaboratif remettent en question les principes traditionnels de l'autorité. Quels sont-ils ? 

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Les Echos : la pyramide hiérarchique perd-elle la tête ?
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