Obéir ? Respecter l’autorité ? Accepter la contrainte ? Pourquoi est-on confronté à une crise d’autorité sans précédent dans notre société ? Pour Jean-Etienne Joullié professeur de management à l’EMLV - Ecole de Management Léonard de Vinci, et chercheur associé au Laboratoire LAREQUOI, l’une des raisons porte sur la confusion entre l’exercice du pouvoir et la figure d’autorité. Dans nos sociétés modernes, la surabondance de réglementations, de normes, de certifications, crée une confusion. Elle prive de liberté celui qui détient l’autorité légitime (dirigeant, expert, élu), et transfère le pouvoir à celui qui contrôle les règles sans être dépositaire d’une autorité véritable (manager, administratif, technocrate). Dans ces conditions, l’autorité n’est plus respectée et l’exercice du pouvoir perd son sens. Pour mieux saisir les conséquences de ce phénomène qualifié de « managérialisme » par Jean-Etienne Joullié, je vous invite à lire le cahier n°1 de la chaire Réseaux et Innovations.
Extrait : « Confondre autorité et pouvoir (même sous sa forme légitime), c’est favoriser le managérialisme car c’est aider le managérialiste à accaparer le pouvoir, sans considération pour l’autorité du savoir-faire, de la compétence technique et de l’expertise. Le managérialiste décide de tout, même des sujets sur lesquels il n’a pas d’autorité car il n’est pas capable de proposer une élaboration raisonnable. En ce sens, une entreprise souffrant de managérialisme est une entreprise où règne l’arbitraire, puisque les décisions y sont prises sans être raisonnablement élaborées (justifiées). De plus, le managérialiste est par nature autoritaire : il dispose du pouvoir mais ne recherche pas (évite à tout prix est sans doute une description plus fidèle) le dialogue et la confrontation des points de vue, car de tels échanges reviennent à un partage tacite, même si partiel, du pouvoir. »
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